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JOURNAL IGF
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FMI
VOLUME 25, N° 2
de scandales et grâce à la persévérance et
à la compétence tout simplement. Bien
que j’aie déjà dit à un ministre que nous,
les gens des finances, sommes éternels
–
comme les coquerelles
– je l’ai dit avec le
plus grand respect pour ma profession et
ma communauté et dans la perspective
durement acquise que notre travail auprès
de nos organisations devrait être éternel
– et bien respecté. Nous sommes souvent
la conscience de l’organisation, et nous
savons à quel point les humains apprécient
leur conscience – nous la détestons, car
elle exige que nous soyons honnêtes. De
même que les coquerelles! Passons…
J’aimerais saluer mon ancienne
communauté de vérificateurs. S’il existe
un mal nécessaire, c’est bien vous. Encore
une fois, je dis cela avec respect et avec
une grande connaissance de l’art de la
vérification. Je savourais les moments
dans ma carrière de vérificateur lorsque
je pouvais dire à un pauvre gestionnaire
régional : « Je suis d’Ottawa. Je viens
faire une vérification. Je suis ici pour
vous aider. » Et j’étais sérieux! Je ne
pense pas que personne ne m’ait cru,
mais j’étais sincère. Tellement de
changements importants sont survenus
dans le domaine de la vérification au
cours des trente dernières années. Je crois
que les vérifications sont plus robustes et
rigoureuses que jamais. Et c’est cet aspect
qui comporte le plus grand risque. Il s’agit
du risque de se prendre trop au sérieux et
de perdre de vue sa mission principale :
soutenir l’équipe de gestion. J’ai toujours
détesté les vérificateurs qui avaient la
mentalité « je t’ai eu » et j’adorais leur
faire savoir lorsqu’ils se trompaient. Il
peut s’avérer dangereux d’avoir quelques
connaissances (en vérification) – surtout
pour les vérificateurs.
À quels défis sommes-nous donc
confrontés maintenant? Les pressions
sur les coûts se poursuivent, de nouveaux
et étranges partenariats et ententes de
prestation de services s’établissent et
les plateformes et processus financiers
sont maintenant entièrement communs.
Selon moi, il s’agit de grandes occasions
pour le milieu financier. Ces phénomènes
mèneront nos organisations en terrain
inconnu et, comme vous le savez sans
doute, nos établissements ne sont pas très
forts devant l’inconnu. Ils auront toujours
besoin de conseils avisés et judicieux…
et parfois d’une conscience. Nous avons
beaucoup de chemin à parcourir avant
de mériter notre repos. Je devrais plutôt
dire que VOUS avez beaucoup de chemin
à parcourir, car moi je prévois me livrer
pleinement aux célébrations de la fête du
Canada cette année. Ensuite, je vais bâtir
un bateau et partir vers la Jamaïque.
Au cours des trente dernières années,
plus d’une personne m’a dit que j’étais
arrogant et effronté. Puisque je veux
demeurer fidèle à moi-même dans ce
dernier article, permettez-moi d’offrir
quelques conseils amicaux à tous les
agents financiers en herbe, jeunes et
moins jeunes.
D’abord, vous devez
connaître non seulement les finances,
mais les activités de l’organisation
pour laquelle vous œuvrez.
J’ai toujours
trouvé qu’il était plus facile d’engager mes
clients lorsqu’ils constataient que je les
connaissais et que je me souciais d’eux.
Deuxièmement, demandez toujours
pourquoi quelqu’un veut quelque
chose.
C’est la seule question qui a de
l’importance lorsque vous voulez livrer un
produit de qualité qui satisfait pleinement
aux besoins de votre client. Le quoi, le
comment et le quand comptent également,
mais pas autant.
Troisièmement, allez au-delà de
votre description de tâches.
Cherchez
à obtenir des renseignements sur votre
organisation, sur ses programmes et sur
ce qui se passe dans votre environnement.
Comme au hockey, ouvrez les yeux et
regardez autour de vous.
Quatrièmement,apprenezàconnaître
vos collègues personnellement.
D’où
viennent-ils? Que font-ils à l’extérieur des
heures de bureau? Ont-ils des enfants, des
chiens, des chats, des poissons? Lorsque
ça va mal, c’est incroyable à quel point une
bonne équipe peut vous aider à surmonter
les moments difficiles. En outre, vous
devez être en mesure de connaître ce que
vous ne connaissez pas et
de demander de
l’aide au besoin!
Cinquièmement, ayez des mentors
et des confidents à l’extérieur de
l’organisation
pour vous aider à grandir
et à apprendre à connaître votre métier et
à vous connaître vous-même.
Finalement, amusez-vous.
Vous
pratiquez un noble métier qui a des
conséquences importantes pour votre
organisation. Vous devez prendre votre
travail au sérieux sans vous prendre vous-
même trop au sérieux. Un peu d’humour,
ça aide. Cette chronique en est la preuve.
C’est tout. Ce fut un réel plaisir de
rédiger cette chronique et de recevoir
des commentaires, bons et mauvais, des
lecteurs. J’ai aimé l’expérience, car elle
m’a permis de renverser les idées reçues.
J’espère seulement que quelqu’un prendra
la relève pour faire avancer la cause de
l’hérésie et de la pensée radicale au sein de
notre merveilleuse communauté – elle ne
mérite rien de moins. Un dernier indice :
si vous avez compris le titre de cet article,
vous êtes sûrement trop vieux pour être un
jeune révolutionnaire. Alors, fais de l’air
Robert!
La communauté, ses personnes
extraordinaires et les changements
incessants me manqueront énormément.
Mais, comme nous le savons, on ne peut
arrêter le temps.
Adios, au revoir et amen. Fin de la leçon.
DE DERRIÈRE LA VISIÈRE VERTE - 2.0
Au sujet de l’auteur
Bruce Manion est né à Ottawa et a obtenu son
diplôme de l’Université d’Ottawa. Il compte près de
30 ans d’expérience de tous les volets de la gestion
des finances et des ressources à la fonction publique
fédérale et a été directeur des finances dans deux
ministères fédéraux. Bruce est actuellement le
fonctionnaire fédéral en résidence à la School of Public
Administration de la Dalhousie University. Il se passionne
pour la gestion du secteur public et a contribué à de
nombreuses initiatives de changement au cours de sa
carrière. Dans ses vies antérieures il a été un comédien,
un musicien, un humoriste et un fossoyeur. Il n’est
certainement pas un comptable ordinaire!