igf*fmi Journal printemps 2014, Vol 25, N - page 27

PRINTEMPS 2014
JOURNAL IGF
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FMI
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DES DÉFIS DE TAILLE POUR LES LEADERS CANADIENS
incité à « être continuellement sur la route
», au détriment de sa santé. Au cours des
deux premières années, il a bien illustré
la devise canadienne
(a mari usque ad
mare)
et a voyagé d’une mer à l’autre, à
l’Atlantique, au Pacifique et à l’Arctique.
Il a indiqué à son personnel d’organiser
des visites de plus petites collectivités. Il
s’est rendu dans des régions où l’on n’avait
jamais vu de gouverneur général.
Ses nombreux déplacements étaient un
exploit considérable pour l’époque, où les
déplacements sur de grandes distances se
faisaient en train et les voies publiques
n’étaient pas les autoroutes asphaltées
d’aujourd’hui. Un de ses trajets les plus
spectaculaires était en bateau à vapeur
le long du fleuve Mackenzie à l’été 1937
pour se rendre à l’océan Arctique. Il a vu
le potentiel de la nouvelle technologie, en
l’occurrence un avion, pour se rendre du
delta du fleuve Mackenzie au lac Great
Bear et au-dessus de la toundra jusqu’à
Coppermine (Kugluktuk).
Il a vu son rôle, celui de représentant
du monarque, comme une sorte de « trait
d’union », un lien entre les nombreuses
régions du pays et un travail visant à
attirer l’attention d’une région à une
autre. Son travail consistait à « essayer de
favoriser une loyauté plus généralisée »,
de contrer les forces centripètes comme
le régionalisme, qui est en grande partie
le résultat de notre géographie et de
notre composition constitutionnelle. Il
a reconnu les « mondes économiques
différents » de l’Est et de l’Ouest.
Lord Tweedsmuir voyait le Nord
comme étant « un des grands facteurs
d’unification de l’avenir du Dominion »,
car il était commun au deux, l’est et l’ouest.
Le Nord était aussi très prometteur sur
le plan du développement économique
du pays dans l’ensemble compte tenu des
richesses naturelles qu’on commençait
à découvrir dans cette région. Les
gouverneurs généraux et gouvernements
qui ont suivi ont accordé de l’importance
au Nord à divers degrés. Même si la
vision de lord Tweedsmuir n’a pas
été complètement réalisée quant à la
question de l’unité, sa démarche inspirée,
à l’époque, et la leçon qu’il nous a laissé,
consistaient à proposer une vision qui a
uni le pays, une vision dont tous peuvent
être fiers et qui suscite l’enthousiasme.
Développement et conservation
La mise en valeur des ressources naturelles
soulevait d’autres préoccupations. Les
questions au sujet de l’environnement et
du développement font partie intégrante
du discours public général d’aujourd’hui.
C’était toutefois un thème connu il y a
75 ans. L’amour qu’avait lord Tweedsmuir
pour le plein air et sa grande humanité
étaient reflétés dans ses allocutions et ses
écrits. Il se préoccupait de la question de la
conversation et, du coup, a ajouté sa voix
à ceux qui se préoccupaient déjà de cette
question.
Au mois d’août 1936, le gouverneur
général s’est adressé à une foule dans
le nord de l’île de Vancouver. Il a été
impressionné par le milieu naturel de l’île,
mais a donné une mise en garde au sujet
du développement et de son étalement
au détriment des ressources naturelles et
de la beauté de l’endroit, paroles qu’on
entend constamment aujourd’hui :
« ... Les Canadiens sont aptes
à croire que leurs ressources sont
inépuisables, mais ce n’est pas le
cas. Il est terriblement facile, même
dans un grand pays comme celui-ci
de gâcher la beauté naturelle et de
détruire la faune et la flore. Ce serait
terriblement dommage si, par votre
insouciance, vous gâchiez le charme
naturel du pays, si vous permettiez à
trop de grands arbres de disparaître,
à trop de belles régions d’être gâchées
par des édifices de faible valeur, si, à
cause d’une administration inefficace
des lois de la faune, vous permettiez
aux animaux sauvage et au poisson de
disparaître. » (traduction libre)
En l’honneur de l’amour que portait
lord Tweedsmuir à la nature et au plein
air, la province de la Colombie-Britan-
nique a nommé une grande aire sauvage
intérieure en son nom – le parc provincial
Tweedsmuir.
À la suite de cette visite à l’île de
Vancouver et en Colombie-Britannique,
ses opinions n’étaient que plus ancrées à
son retour dans l’est, lorsqu’il s’est rendu
en avion à lac Waskesiu, en Saskatchewan,
pour rencontrer Grey Owl. Lui aussi bien
connu, Grey Owl était un protecteur de
l’environnement invétéré. (On croyait que
Grey Owl était membre des Premières
nations, mais il était en réalité un Anglais,
Archie Belaney, qui s’identifiait avec les
Premières nations et les dossiers qui les
touchaient.) Lord Tweedsmuir allait se
rappeler par la suite des paroles de Grey
Owl au sujet des Premières nations et le
rôle important que ces peuples pouvaient
jouer au sein de l’économie à titre de
gérants et protecteurs de la faune. Et
ce n’était là qu’une de ses occasions de
connaître les Premières nations. Pendant
qu’il visitait les collectivités le long du
fleuve Mackenzie, à l’été de 1937, il a
constaté les troubles de santé des Dénés
et des Inuits et a traité de la question
dans un rapport au premier ministre et au
gouverneur de la Compagnie de la baie
d’Hudson.
Au mois de février 1940, lord
Tweedsmuir s’est adressé à l’Association
forestière canadienne. Il a félicité les
membres (et les a ainsi encouragé) d’avoir
« porté la question de la conservation de la
forêt à l’attention du Canada, pour qu’elle
devienne un important dossier d’intérêt
public ».
Lord Tweedsmuir avait beaucoup
voyagé à travers le pays et avait vu de ses
propres yeux le grand potentiel des
richesses naturelles pour l’avenir du pays.
À propos des secteurs du bois d’œuvre et
du papier en particulier, il a donné une
mise en garde et fait valoir que cette
grande ressource naturelle qu’est la
forêt toutefois « ne fera que s’appauvrir
sinous dépensons notre capital de manière
irraisonnée ». Il « faut s’en occuper
jalousement et de manière scientifique ».
Il a cerné un problème à trois volets qu’il
fallait régler pour assurer la conservation
de l’avoir forestier : les périls du feu;
une coupe sélective et le reboisement.
En songeant à l’avenir, il a suggéré que
« nous avons droit de récolter les fruits
de notre richesse forestière, à condition
que nous n’appauvrissions pas nos
successeurs. »
Hunlen Falls, Parc Provincial Tweedsmuir,
Colombie-Britannique
Photo : Gracieuseté du ministère de l’environnement de la C.-B.
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