igf*fmi Journal printemps 2014, Vol 25, N - page 25

PRINTEMPS 2014
JOURNAL IGF
*
FMI
25
Des défis de taille pour les leaders canadiens
J. William Galbraith
Les déséquilibres budgétaires, les disputes
entre le fédéral et les provinces, l’unité
nationale, les négociations commerciales,
les enjeux entourant l’organisation du
gouvernement et ceux qui se rapportent à la
fonction publique, les questions touchant
l’environnement et le développement, le
rôle du Canada dans le monde, les conflits
dans le monde et les doutes sur la capacité
de l’organisation internationale principale
de contribuer efficacement à la paix à
travers le monde.
Voilà un inventaire des plus hardis
d’enjeux pour les leaders canadiens
et le gouvernement en 2014. Serait-il
surprenant d’affirmer que ces enjeux
correspondent à ceux avec lesquels les
leaders canadiens et le gouvernement
devaient composer en 1935?
Peut-être que de rappeler des dossiers
d’une époque qui nous paraît si lointaine,
mais qui sont toujours d’actualité,
pourrait susciter une réaction cynique
ou même la résignation. N’est-ce pas
plutôt encourageant? Les générations
antérieures n’ont pas seulement trouvé
le moyen de composer avec ces questions
(même si certains diraient qu’elles ont
avancé à tâtons) et n’ont pas que survécu
(surtout devant la menace existentielle
posée par les Nazis), mais se sont
carrément épanouies. Notre niveau de
vie s’est beaucoup amélioré au cours des
années depuis, et le Canada est devenu
l’un des pays où habiter les plus convoités
au monde.
Cette période marquée de défis qu’on
décrivait plus tôt est toutefois unique
compte tenu d’une personne remarquable
qui a été nommée gouverneur général en
1935.
Les années 1930 ont été marquées
par des crises économiques et sociales
attribuables, en grande partie, à la Crise, à
la grande sécheresse dans les Prairies et à
des structures publiques tentant tant bien
que mal de répondre aux besoins. Elles
étaient aussi marquées par les remises
en question découlant du Statut de
Westminster de 1931, édicte qui conférait
au Canada l’égalité constitutionnelle
avec la Grande-Bretagne. Le Canada
est devenu responsable de ses propres
politiques étrangères et a été contraint
d’établir sa position par rapport aux
affaires internationales et à la Société des
nations en difficulté. Le statut donnait
aussi sanction légale au gouverneur
général représentant uniquement le
Souverain et non plus dorénavant le
gouvernement britannique. Il revenait
maintenant au premier ministre canadien
de proposer au roi un nom de candidat
au poste de gouverneur général. En
somme, le Statut de Westminster a créé
un nouveau poste qui serait défini par une
personne remarquable.
Monsieur John Buchan a été nommé
gouverneur général par le roi George V au
mois de mars 1935. Sa nomination faisait
rupture avec la tradition qui consistait
à nommer des pairs de la Chambre
des lords et a soulevé la controverse au
Canda à propos de la personne à choisir
pour combler le poste : pair ou homme
du peuple et, s’il s’agit d’un homme du
peuple, pourquoi pas un Canadien? Le
roi George souhaitait toutefois que son
représentant soit un pair. Deux mois
plus tard il a élevé M. Buchan à la pairie,
et John Buchan est devenu le premier
baron de Tweedsmuir d’Elsfield. Le titre
n’a pas caché le John Buchan qui était un
auteur populaire de romans à suspense
tels que
The Thirty-Nine Steps
(qui est
devenu un film en 1935 dirigé par Alfred
Hitchcock) et
Greenmantle
, de même que
de nombreuses biographies historiques (y
compris de
Cromwell
, de
Sir Walter Scott
,
d’
Auguste
). Mais il était bien plus que cela.
Monsieur Buchan avait des connaissances
approfondies de tous les domaines;
rédacteur dès l’âge de 17, métier qui l’a
aidé à payer ses études universitaires avec
des bourses à la Glasgow University et à
Oxford. Il était aussi procureur, journaliste,
éditeur, administrateur public, directeur
et président adjoint de Reuters, chef
d’information et de renseignements au
cours de la Première Guerre mondiale,
membre du Parlement de Westminster,
amateur du grand air et fervent pêcheur. Il
a été bénévole de nombreuses organisations
à but non lucratif. Monsieur Buchan est
né en Écosse en 1875. Son père était un
ministre presbytérien et sa mère la fille
d’un agriculteur de la région de Borders
en Écosse, où M. Buchan passait ses étés
pendant sa jeunesse. C’était une région qui
l’a inspiré tout au long de sa vie. Il la décrit
avec éloquence dans nombre de ses écrits.
Il peut représenter une occasion
fascinante d’examiner comment cette
personne remarquable a abordé quelques-
uns des enjeux décrits ci-dessus et de
réfléchir sur un legs qui a contribué à
redéfinir le rôle de gouverneur général.
Fonction publique
S’appuyant sur de solides fondements
moraux et une éducation classique,
M. Buchan a fait montre, pendant les
premières années de sa carrière, d’une
grande humanité. Pendant toute sa vie
adulte et dans ses divers choix de carrière,
Sir John Buchan, 1
er
baron Tweedsmuir,
15
ième
gouverneur général du Canada (de
1935 à 1940)
Photo : Gracieuseté de parl.gc.ca
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